En revenant de mon voyage dans le Putumayo, je me suis arrêté à la laguna de la Cocha. C’est un superbe lac, un site touristique près de Pasto. J’y ai rencontré un Suisse et un États-unien. Quand on se baladait, de nombreuses personnes interpellaient ce voyageur suisse, lui posaient des questions, se prenaient en photo avec lui.
Je me suis rappelé de mon premier passage ici, il y a maintenant plus d’un an. J’y ai rencontré deux jeunes femmes, Kelly et Silvana. Elles étaient très curieuses à mon égard et m’ont submergé de questions!
Un an après, je retourne au même endroit et cette drôle de magie n’est plus! Je n’ai plus ce panneau au dessus de moi indiquant « EUROPÉEN ». Que s’est-il passé?
Ai-je bronzé? Ai-je changé? Est-ce que c’est parce que cette fois je ne me suis pas rasé?
Non, je n’ai quasiment pas changé physiquement.
C’est mon âme qui s’est habituée à ce nouvel environnement.
En fait je me sens de plus en plus d’ici, je me sens d’ici tout court. Bien sûr, je suis d’ici, puisque je vis ici depuis 5 mois, pourquoi serais-je d’ailleurs? Et les gens autour de moi le perçoivent. Ils perçoivent très bien que je me sens habitant de cette Terre et me traitent donc comme un quelconque habitant de cette Terre. Ils perçoivent ce qui se passe dans ma tête.
Parfois on me fait des remarques qui vont dans ce sens.
« No tienes pinta de Europeo » « Tu n’as pas une gueule d’Européen »
« Ahora si, eres Pastuso » « Maintenant, tu es de Pasto »
D’ailleurs j’ai laissé quelque peu mes valeurs républicaines de côté.
Plus de retraite, plus de 35 heures, plus de congés payés! Je vis au jour d’aujourd’hui et je fais les choses que j’aime. Je me sens mieux. Mieux que quand je me préoccupais de cotiser pour la retraite, de trouver un travail stable et durable… En fait je passais beaucoup de temps à m’inquiéter de choses qui n’arriveraient probablement jamais, ou dans un futur très lointain. J’ai plus d’énergie pour vivre le présent et j’ai le sentiment profond que j’arriverai plus plein.
6h, je me lève. Je m’habille, bois un café et marche une demi-heure pour arriver à mon travail. Je donne un cours de français.
9h, j’ai 2 heures pour étudier, si je veux y arriver, je ne dois pas gaspiller trop de ce temps précieux.
11h, je rentre chez moi (30 minutes) pour étudier encore un peu, me reposer 5 minutes, manger puis repartir travailler (30 minutes de marche au rythme soutenu).
14h, cours particulier d’allemand.
17h, cours particulier pour un élève de 4ème qui suit des cours de collège par le CNED. 15 minutes de marche (très soutenue) pour arriver à l’alliance française.
Cours de français jusque 20h10. 30 minutes de marche, j’arrive à la maison, demain c’est mon tour de cuisine, je dois commencer à préparer le repas.
Et comme ça du lundi au samedi. Mais c’est un plaisir. Ce travail est un moment d’échange et de plaisir (en général). Ce qui me permet, sans vouloir trop me vanter, de faire un travail de qualité. En tout cas, les étudiants apprennent et les retours sont positifs.
Et il me reste quand même le dimanche pour ne rien faire, manger toute la journée ou visiter cette magnifique région.
Ce dernier dimanche, j’ai découvert le village de climat chaud « El Tambo ».
Cette région est magnifique, n’est-ce pas?
C’est ça aussi le bonheur de l’expatriation, c’est se sentir chez soi à un endroit qu’on ne connaissait pas quelques mois auparavant
Je suis immigré, pas expatrié
C’est vrai c’est chouette !
Tu es où capitaine Rémi?
Actuellement en Colombie, et pour encore quelques mois je pense
« D’ailleurs j’ai laissé quelque peu mes valeurs républicaines de côté.
Plus de retraite, plus de 35 heures, plus de congés payés! »
Euh … La République c’est, pour rappel: liberté / égalité / fraternité. Il me semble que tu n’as rien laissé de la République mais plutôt le côté franchouillard ronchon et autres valeurs matérialistes
!
Effectivement l’expression « valeurs républicaines » est mal choisie.
Salut à toi Manu! C’est beau, ce que tu montres et dis…
Ici en Creuse, petits soucis du quotidien poussif, tu connais ça…
Mais il fait beau et chaud depuis 1 semaine, et les vacances arrivent. Alors on se sent mieux.
Découvres-tu que des racines peuvent partir de nos chevilles, et s’enfoncer en un lieu étranger, et soudain familier? J’ai rencontré ça en plusieurs endroits où j’ai vécu auparavant. Tu le revis toi aussi, donc tu conclus que cela peut arriver n’importe où, ou presque.
Bises au voyageur.
Stéphane.
Salut Stef,
Ça fait plaisir d’avoir de tes nouvelles!
Oui je crois que c’est tout à fait possible, c’est ce qui m’arrive.
Je t’envoie une grosse bise.